Adolphe

Conducteur d’artillerie, incorporé dans la batterie d’Honoré Fouchard. C’est un bel homme blond, large de poitrine, très grand, avec de grosses moustaches, dans son visage rouge. Il moule un porteur solide, une bête alezane. Appareillé depuis trois ans avec le pointeur Louis, scion la règle établie de marier un homme à cheval et un homme à pied, il domine son camarade et fait bon ménage avec lui, sauf lorsqu’on mange : Louis, doué d’un gros appétit, se révolte lorsque Adolphe veut se servir en maître .

Le jour de Sedan, devant le calvaire d’Illy, où l’artillerie française est balayée par les batteries prussiennes de Fleigneux, les conducteurs alignés restent impassibles; ils ne battent même pas des yeux à regarder les obus venir droit à eux. Pendant la manœuvre des avant-trains, une furieuse bordée de fer s’abat sur la pièce. Adolphe culbute, la poitrine fendue, les bras ouverts: dans une dernière convulsion, il a pris Louis, tué du même coup, et tous deux restent embrassés, farouchement tordus, mariés jusque dans la mort . (La Débâcle.)