Geneviève Baudu

— Fille de Baudu et d’Elisabeth Hauchecorne. En elle, la dégénérescence de sa mère s’est encore aggravée. Elle a la débilité et la décoloration d’une plante poussée à l’ombre. Pourtant, des cheveux noirs magnifiques, épais et lourds, venus comme par miracle dans cette chair pauvre, lui donnent un charme triste. Encore enfant, elle a été promise au commis Colomban. Elle s’est accoutumée à l’aimer, avec la gravité de sa nature contenue, et d’une passion profonde qu’elle ignore elle-même, dans son existence plate et réglée de tous les jours; au fond de ce rez-de-chaussée du vieux Paris, sa tendresse a poussé comme une fleur de cave. Geneviève a deviné la cruelle indifférence de Colomban qu’hypnotise le Bonheur des Dames ; l’amour du commis pour une vendeuse lui fend le cœur; c’est une sourde agonie où son corps de fiancée s’use dans le chagrin et dans l’attente, retournant à l’enfance grêle des premiers ans. Et elle meurt épuisée, première victime du grand magasin d’Octave Mouret.