Bécu

Garde-champêtre de Rognes. Le conseil municipal l’a logé dans la cure, à moitié détruite. Il est aussi sonneur de cloches. C’est un petit homme de cinquante ans, à tète carrée et tannée de vieux militaire, avec des moustaches et nue barbiche grises, le cou raidi, comme étranglé continuellement par des cols trop étroits. Bécu a fait les campagnes d’Afrique, aux premiers temps de la conquête, et a rapporté du service des habitudes d’intempérance. Il a le vin mauvais, battailleur. Bonapartiste farouche, il adore l’empereur qu’il prétend connaître. Une fraternité d’ancien guerrier ivrogne, une tendresse secrète le porte vers le braconnier Jésus-Christ, mai, il évite de le reconnaître quand il est en faction, sa plaque au bras, toujours sur le point de le prendre en flagrant délit, combattu entre son devoir et son cœur. A jeun, il tolère que Jésus-Christ culbute sa femme, mais la chose le blesse quand il est ivre. Bécu, qui rêve toujours d’exterminer les Bédouins, a le crève-cœur de voir son fils se mutiler une main pour échapper au service militaire. (La Terre.)