Capitaine Chave

— Officier en retraite. Frère de madame Maugeudre. Figure apoplectique, au cou raidi par l’usage du col de crin, un de ces types de petits joueurs au comptant qu’on est certain de rencontrer tous les jours, d’une heure à trois, autour de la Bourse, se livrant à un jeu de gagne-petit, emportant chaque fois un gain de quinze à vingt francs. Il ne joue point par goût, mais la pension du gouvernement le laisserait crever de faim [19] et, de plus, il a des vices. Le capitaine Chave habite, rue Nollet, une seule pièce au fond d’un jardin, où se glissent des jupes, et les petits gains de Bourse passent en bonbons et en gâteaux pour ses bonnes amies [202]. Pendant toute la période où la Banque Universelle affolait Paris, faisant et défaisant en deux heures des fortunes géantes, l’or pleuvant à pleins seaux parmi les coups de foudre, Chave a échappé à la fièvre générale. Alors que son beau-frère Maugendre courait à la ruine, il n’a pas une seule fois cessé de jouer un maigre jeu, satisfait d’emporter son petit bénéfice chaque soir, ainsi qu’un bon employé qui a bravement rempli sa journée [387]. Et, au jour de la débâcle, avec une cruauté de joueur intime, il se réjouit de voir les gros spéculateurs se casser les reins [367]. (L’Argent.)