Léopold Du Poizat

— Petit homme mince, la mine chafouine, avec des dents très blanches mal rangées [32]. Appartient à ta bande du ministre Rougon, qu’il a connu autrefois à l’hôtel Vaneau, chez madame Correur, sa compatriote. Du Poizat faisait alors son droit à Paris, où son père lui servait une maigre pension de cent francs par mois [33]. Ce garçon rageur et cynique a été utilisé aux premiers temps de la propagande bonapartiste; il a emporté de haute lutte l’élection de Rougon à Niort et, après le coup d’Etat, a reçu sa récompense en devenant sous-préfet de Bressuire, presque chez lui, à quelques lieues de son père dont l’avarice l’a toujours fait souffrir [34]. Quand Rougon tombe en disgrâce. Du Poizat est forcé de donner sa démission et il recommence à crever de faim comme en 1848 [180]. Ecœuré de sa mésaventure, il agite ses poings chétifs d’enfant malade, traite les gens des Tuileries de cochons [41] et travaille la presse, le monde, la Bourse, pour ramener Rougon au pouvoir, il est le plus acharné de la bande. Au jour du succès, Du Poizat devient, préfet des Deux-Sèvres, il rêve plus que jamais de venger son enfance [304], mais, toujours rageur et toujours cynique, il pousse trop loin l’arbitraire, terrorisant Niort, imposant les basses tyrannies de Gilquin, arrêtant les gens à tort et à travers, allant jusqu’à provoquer la mort du père Du Poizat dans des conditions inexpliquées [406]. Quand ses lourdes fautes ont précipité la nouvelle chute de son protecteur, il s’empresse d’entrer dans le jeu de Clorinde et obtient d’être seulement déplacé [434]. (Son Excellence Eugène Rougon.)