Honoré Fouchard

— Fils unique du vieux Fouchard. A vingt ans, en 1867, il a tiré un bon numéro, ravi de pouvoir épouser la petite Silvine Morange, servante chez son père. Mais devant la rude opposition de ce dernier, il s’engage et est envoyé en Afrique, dans l’artillerie. Quand il a su l’aventure de sa chère Silvine, séduite par Steinberg et devenue mère, il est resté trois mois à l’hôpital et n’a jamais voulu profiter d’un congé pour revenir au pays. À l’heure de la guerre, c’est un maréchal des logis, à l’air crâne et d’aplomb, avec ses moustaches et sa barbiche brunes [4]. Sur les routes d’Alsace, il défile, campé fièrement sur son cheval, à la gauche de sa pièce, soignée, astiquée, éclatante ainsi qu’un soleil, admirée de tout le monde, des bêles et des gens, serrés autour d’elle, dans une discipline et une tendresse de famille brave [35]. Honoré a reçu de Silvine une lettre disant qu’elle l’aime toujours, qu’elle n’a jamais aimé que lui [97], il en tremble de bonheur, et lorsque, de passage à Remilly, il la revoit, c’est pour lui pardonner ; il l’épousera dès qu’il sera rentré du service, on n’étranglera pas le petit, d’autres pousseront, on finira par ne plus le reconnaître dans le tas [173].

Sa batterie est parmi celles qui, dans la journée du 1er septembre, défendent un instant le calvaire d’Illy; elles y arrivent dans un ordre superbe, on les dirait à la parade [308], mais tandis que leurs obus éclatent en l’air, loin du but, les batteries prussiennes, elles, règlent leur tir en deux coups et atteignent aussitôt les pièces françaises, qui sont rapidement démontées, malgré leurs changements de position, bravement accomplis sous le feu [312]. Fou de rage de voir sa pièce blessée, bouche écornée et roue détruite, Honoré veut la sauver comme on sauve le drapeau, il remplace la roue sous la mitraille, mais, au moment de la retraite définitive, il est foudroyé, le bras droit arraché, le flanc gauche ouvert. Tombé sur le canon, il y reste étendu, comme sur un lit d’honneur, la face intacte et belle de colère, et ses doigts crispés ont retrouvé la lettre de Silvine, que son sang tache goutte à goutte [315]. (La Débâcle.)

Fougeray (Mademoiselle De). — Fille aînée de la baronne de Fougeray. Est entrée aux Carmélites. On assure qu’elle a aimé un jeune homme et que celui-ci est mort. La prise de voile de cette pauvre enfant intéresse tout Paris et défraye les conversations des mardis de la comtesse Muffat [82] et des soupers d’actrices [114]. (Nana).