Saturnin Josserand

— Second fils des Josserand. Grand garçon de vingt-cinq ans, dégingandé, aux yeux étranges, resté enfant à la suite d’une fièvre cérébrale. Sans être fou, il terrifie la maison par des crises de violence aveugle, lorsqu’on le contrarie. Seule, Berthe le dompte, il s’est pris pour elle d’une adoration où il entre de tous les amours [46] ; sa sœur est une idole qu’il entoure d’un culte jaloux. Desfureurs l’agitent lorsqu’il comprend qu’on veut la marier, on doit par prudence le mettre à l’Asile des Moulineaux où il accepte de partir, tenant la main de Berthe et croyant faire une partie do campagne. Avec la même docilité, il s’est laissé dépouiller d’une somme de trois mille francs, léguée par une tante et qui sert aux frais de la noce. Renvoyé de l’Asile un peu plus tard parce que sa folie n’est pas assez caractérisée, il a été recueilli par Berthe, dont il devient le garde du corps, poursuivant le mari d’une haine féroce d’amant contrarié [305], s’éprenant d’Octave Mouret par hostilité pour Vabre, se fâchant contre Octave qui semble tourner autour d’autres femmes, ne rêvant toujours que le bonheur de Berthe et semblant goûter l’amour dans cette chair de femme qu’il sent sienne, sous la poussée de l’instinct [303]. (Pot-Bouille.)