Bébert Levaque

— Fils des Levaque. Travaille à la mine comme galibot. C’est un gamin de douze ans, un gros garçon naïf, plus âgé et plus fort que Jeanlin Malien, et qui se laisse pourtant gifler par lui; Bébert se soumet à Jeanlin avec une admiration craintive, une crédulité qui le rend continuellement victime, et l’autre en abuse, l’entraînant sans vergogne à des maraudes où il risque ses os. Les parties polissonnes de Jeanlin et de la petite Lydie Pierron emplissent Bébert de colère et de malaise [138]. Lentement, une grande affection est née entre lui et Lydie, dans leur commune terreur de Jeanlin. Lui, toujours, songe à la prendre, à la serrer très fort entre ses bras, comme il voit faire aux autres; mais pas plus qu’elle, il n’ose désobéir à celui qu’ils appellent le capitaine et qui s’est institué leur chef. Pourtant, un jour, blottis dans une cachette, près du Voreux, tous deux ont fini par se baiser doucement, sans avoir l’idée d’autre chose, mettant dans cette caresse leur longue passion combattue, tout ce qu’il y a en eux de martyrisé et d’attendri [473]. Ce matin-là, mêlés aux grévistes, ils sont mitraillés par la troupe; la petite frappée à la face, foudroyée, ne bouge plus ; le petit, troué au-dessous de l’épaule gauche, saisit Lydie à pleins bras, dans les convulsions de l’agonie, comme s’il voulait la reprendre [487]. (Germinal.)