La Trouille

— Fille d’Hyacinthe Fouan, dit Jésus-Christ. Son véritable prénom est Olympe, son surnom vient de ce que, matin et soir, Jésus-Christ la traite de sale trouille. Elle est née d’une rouleuse de routes ramassée sur le revers d’un fossé, à la suite d’une foire, et recueillie par Hyacinthe ; après trois ans de vie commune, la gueuse est partie comme elle était venue, emmenée par un autre homme. L’enfant a poussé dru. Maigre et nerveuse comme une branche de houx, elle a un museau effronté de chèvre, une grande bouche se tordant à gauche, des yeux verts à fixité hardie, des cheveux blonds embroussaillés, l’allure d’un garçon. Sa passion est dans ses oies; elle possède une vingtaine de bêles qu’elle nourrit de maraude [39]. Dès l’enfance, elle se laissait culbuter par des galopins de son âge, Delphin Bécu, Nénesse Delhomme, et son père la corrigeait à coups de fouet [220]. Elle est en admiration continuelle devant ce Jésus-Christ venteux et gueulard, gentil seulement lorsqu’il est soûl, et qui lui inspire à la fois de la tendresse et de la terreur. A dix-huit ans, elle reste un vrai garçon, qui n’aime que ses bêtes et se moque bien des hommes, ce qui ne l’empêche pas, quand elle joue à se taper avec quelque galopin, de finir le jeu sur le dos, naturellement, parce que c’est fait pour ça et que ça ne tire pas à conséquence [319]. Honnête à sa façon, elle refuse les avances de Leroi, dit Canon [324] et éclate en larmes lorsque Nénesse lui fait l’affront de l’engager à travailler dans une maison publique [462].(La Terre.)