La Mère Victoire

— Femme du chauffeur Pecqueux. A été autrefois la nourrice de Séverine Aubry, qui venait do coûter la vie à sa mère. Plus tard, mariée avec Pecqueux, vivant mal à Paris, d’un peu de couture, exploitée par son mari qui mangeait tout, elle a rencontré sa fille de lait, et, par elle, est devenue la protégée du président Grandmorin. Celui-ci lui a obtenu un poste à la salubrité, la garde des cabinets de luxe à la gare Saint-Lazare, te côté des dames, ce qu’il y a de meilleur; la Compagnie ne donne que cent francs par an, mais elle s’en fait près de quatorze cents avec la recette, sans compter une chambre de l’impasse d’Amsterdam, où elle est même chauffée, et que les Roubaud utilisent comme pied à terre lorsqu’ils passent une journée à Paris [12]. Devenue énorme, difficile à remuer, elle glisse des pièces de cent sous dans les poches de Pecqueux, afin qu’il prenne du plaisir au dehors. Très économe, vivant chichement elle-même, Victoire, qui accepte le second ménage du Havre et qui traite son mari maternellement, répète volontiers qu’elle ne veut pas le laisser en affront là-bas; même, à chaque départ, elle veille sur son linge, car il lui serait très sensible que l’autre femme l’accuse de ne pas tenir leur homme proprement [80]. Devenue impotente à la suite d’une foulure, elle lâche son poste de la salubrité et se fait admettre dans un hospice [383]. (La Bête humaine.)