Frère Archangias

— Frère des écoles chrétiennes. Dirige depuis quinze ans l’école des Artaud. Grand corps maigre, taillé à coups de hache, dure face de paysan en lame de sabre, nuque au cuir tanné [32]. Il est vêtu d’une grande soutane graisseuse, avec un rabat sale glissant vers l’épaule. Frère Archangias, terrible homme toujours mugissant, toujours jetant l’anathème, pousse le dégoût et la haine de la femme jusqu’à s’irriter contre la dévotion à la Vierge. C’est une brute exaspérée par la continence, un énergumène qui répand sa fureur sur la nature entière, arrachant les nids, exécrant les fleurs, voyant dans toute fécondité immondices et magie du diable. Vis-à-vis de l’abbé Mouret, dont il a surpris la faute, il se constitue le gendarme de Dieu [312]; il guette les moindres faiblesses du jeune prêtre, devine à la clarté de son regard les pensées tendres et les écrase d’une parole, sans pitié, comme des bêtes mauvaises. Le vieux Jeanbernat, qui l’avait déjà corrigé dans une lutte à coups de pierre, lui coupe une oreille devant le cercueil d’Albine, la petite fée du Paradou que frère Archangias a poursuivie de ses insultes enragées. (La Faute de l’abbé Mouret.)