— Maîtresse de Duveyrier. C’est une sorte de gamin noir et maigre, avec une tête ébouriffée de caniche. Son père est un petit marchand de jouets devenu camelot et qui exploite les fêtes avec sa femme et toute une bande d’enfants malpropres. Clarisse a gardé le bagout parisien, un esprit de surface et d’emprunt, une gale de drôlerie attrapée en se frottant aux hommes. Pour ne pas afficher Duveyrier, elle habite un quartier lointain, rue de la Cerisaie, mais elle mène son amant bon train et s’est fait acheter pour vingt-cinq mille francs de meubles. Malgré un instinct de bourgeoise ayant la passion du comme il faut, Clarisse se donne à tous les amis de Duveyrier reçus dans son salon; c’est une habitude ancienne, le besoin de se refaire un peu derrière les talons de l’homme qui paye [170]. Et celui-ci ne voit rien jusqu’au jour où il trouve l’appartement vide, Clarisse envolée, ayant tout emporté, même les planches du cabinet de toilette; une répulsion l’a prise pour l’entreteneur au sang âcre, dont la figure est pleine de boutons, et elle s’est mise avec un amant sain et solide, le sculpteur Payan, qui bientôt l’abandonne sans un sou. Retrouvée par Duveyrier, elle se laisse installer richement rue d’Assas et c’est alors une nouvelle Clarisse, devenue assommante, engraissant, tournant à la petite mère, avec des goûts bourgeois grandis jusqu’à l’idée fixe. Elle fait au conseiller un intérieur morne, d’où sont exclus tous les anciens compagnons de fête, elle lui impose le contact de toute la famille Bocquet et, comme il a la musique en horreur, elle se met à étudier le piano, rêve inavoué de toute sa vie [398]. Les passades de cette fille avec le professeur Théodore sont subies en silence par Duveyrier qui, à peu près ruiné, se fait chasser finalement par sa maîtresse, au profit d’un vieux très riche. (Pot-Bouille.)