— Fils du marchand de nouveautés. Ayant réussi dans les soies à Paris, il a refusé de retourner auprès de son père, plaisantant la routine commerciale de la province, faisant à chaque passage sonner ses gains, qui bouleversent Montpellier. C’est un jeune homme à fortes épaules, il a une face ronde de joyeux compère, avec une barbe d’un noir d’encre et de beaux yeux marrons [45]. Noceur, braillard, il a une amabilité un peu grosse, un rire bon enfant où il y a un amour brutal de la femme [127]. Entré au Bonheur des Dames comme premier à la soierie, médiocre pour la vente, mais n’ayant pas son pareil pour l’achat, il jouit d’une liberté absolue, et mène son rayon comme il l’entend, pourvu que chaque année le chiffre d’affaires soit augmenté dans une proportion fixée d’avance. Pris en affection par Octave Mouret, devenu le confident du patron et d’Henriette Desforges, il sait plaire à celle-ci et, dès qu’il se sent miné au magasin, il obtient son concours pour une commandite du baron Hartmann [393].
Bouthemont fonde alors une superbe maison prés de l’Opéra, avec l’enseigne : Aux Quatre Saisons, rêvant une gigantesque concurrence au Bonheur des Dames. Ce bon vivant a l’idée géniale de faire bénir ses locaux par le clergé de la Madeleine, cérémonie étonnante, pompe religieuse promenée de la soierie à la ganterie. Dieu tombé dans les pantalons de femme et dans les corsets; cette heureuse inspiration vaut un million d’annonces, tellement le coup est porté sur la clientèle mondaine. D’ailleurs, à peine ouverts depuis trois semaines, 1rs grands magasins des Quatre Saisons sont incendiés par une explosion de gaz, pendant la nuit, les vendeuses se sauvent en chemise. l’héroïsme de Bouthemont en sauve cinq sur ses épaules, c’est une superbe réclame pour l’avenir [475].