Busch aîné

— Un juif né à Nancy de parents allemands. Gros homme, large face plate, gros yeux gris, cheveux pâles tombant en mèches rares et rebelles de son crâne nu. Loge rue Feydeau, au cinquième étage, où il possède un étroit logement composé de deux pièces et d’une cuisine. Il porte toujours une cravate blanche roulée et une redingote d’occasion, anciennement superbe, mais extraordinairement râpée et maculée de taches. Son chapeau, roussi par le soleil, lavé par les averses, n’a plus d’âge [16]. Outre l’usure et tout un commerce caché sur les bijoux et les pierres précieuses, Busch fait le trafic des valeurs dépréciées, il sert d’intermédiaire entre la petite Bourse des « Pieds-Humides » et les banqueroutiers qui ont des trous à combler dans leur bilan. Mais il s’occupe surtout de l’achat des mauvaises créances, professant que toute valeur, même la plus compromise, peut redevenir bonne; c’est un jeu comme un autre, la chasse au débiteur, où celui qui se laisse prendre, payant pour les disparus, est mangé de frais et vidé jusqu’au sang [27].

La Méchain est le principal collaborateur du terrible juif; c’est elle qui lui a apporté l’affaire Victor Saccard [32], grâce A laquelle Busch essayera de faire chanter le directeur de la Banque Universelle [322] et, pour se venger de son échec, précipitera la ruine du financier par une plainte en escroquerie [376]. Busch poursuit ses victimes à boulets rouges, il persécute le petit ménage Jordan et organise un chantage affreux contre les dames de Beauvilliers. Mais ce loup, féroce aux débiteurs, très capable de voler dix sous dans le sang d’un homme, adore son cadet Sigismond d’une passion maternelle, il le sert comme une bonne le tolère oisif et lui défend même de travailler [35]. Et devant le corps à peine froid de Sigismond, ce terrible mangeur d’or hurle d’une abominable souffrance [441]. (L’Argent).