— Haveur au Voreux. Est venu il y a six mois du Pas-de-Calais et habite Montsou, à l’estaminet Piquette. C’est un grand maigre de vingt-cinq ans, osseux, aux traits forts, avec un nez en bec d’aigle, des moustaches et une barbiche rouges. Dés la première rencontre, une haine d’instinct a flambé entre lui et Étienne Lantier [39]. Pour empêcher celui-ci d’être l’amant de Catherine Maheu, il a voulu posséder cette fille non encore nubile et il ne tient à la garder, elle ne lui est chère que par hostilité jalouse contre l’autre. Quand Etienne devient l’un des maîtres du coron, Chaval est mordu d’envie ; pendant, la grève, la rage de triompher l’amène à surenchérir en demandant du sang, mais, surtout vaniteux, il abandonne la cause des camarades, il sent une chaleur d’orgueil lui monter à la Face, lorsque Deneulin lui fait entrevoir un avancement rapide [338]. Sa lâcheté le perdrait, si Catherine ne lui épargnait la mort, en se jetant au-devant des grévistes furieux [381]. Il se venge d’ailleurs en dénonçant l’émeute aux gendarmes et en acceptant de diriger une équipe de Borains, appelés de Belgique par la Compagnie des mines de Montsou [454] Battu par son rival sous les yeux de Catherine, il a chassé celle-ci, mais il restera entre eux jusqu’au bout. Une dernière bataille le jette contre Etienne au fond de la mine, dans un coin de galerie où tous trois sont cernés par l’inondation; il est tué dans la lutte, on jette son cadavre au puits, mais la crue le pousse peu à peu vers les douloureux amants, il revient entêté dans sa jalousie, empoisonnant l’air, s’acharnant jusque dans la mort à les empêcher d’être ensemble [572]. (Germinal.)