Jacqueline dite La Lognette Cognet

—Fille du cantonnier. Est entrée à la Borderie à l’âge de douze ans, pour laver la vaisselle. Etait si desséchée, si minable, qu’on lui voyait les os du corps, au travers de ses guenilles. Elle s’est vite décrassée, tous les valets l’ont culbutée sur la paille, depuis le père Mathias, un vieux bossu, jusqu’au petit porcher Guillaume ; Buteau, Jean Macquart, tous l’ont eue. Mais elle a su faire sa fortune en résistant au maître, Alexandre Hourdequin, en le laissant désirer ses faveurs pendant six mois. Cette habileté l’a transformée en servante maîtresse, la Goguette a maintenant une bonne qui la sert et, quand le maître devient veuf, elle finit par obtenir d’entrer triomphante dans l’ancien lit de Madame Hourdequin [101].

De petite taille, très brune, l’air effronté et joli, la gorge dure, les membres élastiques et forts des fausses maigres, d’une coquetterie dépensière, se trempant de parfums tout en gardant un fond de malpropreté, elle excite la colère des paysans qui ne savent pas comprendre que cette catin est leur vengeance, la revanche du misérable ouvrier de la glèbe contre le bourgeois enrichi [89]. La Cognette rationne Hourdequin, elle le fouette d’abstinences et le trompe avec un tranquille cynisme, provoquant sa jalousie, l’affolant chaque jour davantage, manœuvrant pour éliminer le fils et se faire avantager sur le testament. Mais un drame soudain anéantit toute son œuvre.

Le vieux berger Soûlas a, par vengeance, dénoncé ses amours avec Tron ; celui-ci, chassé, tue Hourdequin et brûle la ferme, et la Cognette, poursuivie par les flammes, se sauve dans la campagne, sortant de la ferme comme elle y était entrée, avec une chemise sur le cul [510]. (La Terre.)