— Procureur général, plus tard ministre de la justice. Grand homme jaune, glacial et osseux, à la haute taille solennelle, à la face rase, coupée de plis profonds, d’une austère sévérité. Sonnez dur, en bec d’aigle, semble sans défaillante comme sans pardon. Mais, derrière le masque professionnel, il y a en lui un furieux mâle aux appétits d’ogre. Amant de la baronne Sandorff, il a loué, pour la posséder à son aise, un petit rez-de-chaussée de la rue Caumartin, près de la rue Saint-Nicolas, et il fournit à cette femme les fonds que lui refuse un mari avare. Peu généreux d’ailleurs, il ne donne pas assez à la baronne pour payer ses différences de Bourse, il est trompé au profit d’Aristide Saccard, surprend les amants grâce à la trahison d’une femme de chambre, et c’est, entre Saccard et lui, une querelle de charretiers ivres, des mots abominables qu’ils se lancent comme des crachats, avec un besoin croissant de l’ordure [233]. Devenu ministre, Delcambre fera lourdement sentir sa rancune à Saccard, surpris en marge du code, dans la débâcle de la Banque Universelle [377]. (L’Argent.)