— Fille de Deleuze aîné. Mariée au commis Charles Hédouin. Dirige e Bonheur des Dames, créé par son père et son oncle. Grande, brune, admirablement belle avec son visage régulier et ses bandeaux unis, gravement souriante, madame Hédouin semble l’âme vive et équilibrée de la maison. Cette femme superbe, à la santé vaillante, à la beauté calme, est une ancienne amie de pension de Clotilde Vabre; elle fréquente les Duveyrier et regarde l’inconduite de Valérie, leur belle-sœur, avec l’étonnement d’une femme dont l’honneur est la santé même [191]. Octave Mouret, entré au Bonheur des Dames par l’entremise de Campardon, a tenté en vain une séduction vulgaire. Madame Hédouin l’a repoussé simplement, sans indignation, ne lui opposant que de tranquilles arguments de femme pratique, décidée à ne pas compliquer sottement sa vie. Mais, indifférente aux séductions du beau vendeur, elle a peu à peu conçu pour lui une véritable estime ; gagnée à ses idées larges, à ses rêves de grands comptoirs modernes, elle a retrouvé en Octave sa propre volonté, le fond sérieux et pratique de son caractère, avec une flamme, une audace qui lui manquent à elle, la fantaisie dans le commerce, la seule fantaisie qui l’ait jamais troublée [436]. Devenue veuve, elle lui offre paisiblement sa main, dans une paix souriante, sans la moindre allusion à une tendresse possible, disant seulement que les choses raisonnables arrivent toutes seules et ne voyant en Mouret qu’un collaborateur nécessaire. (Pot-Bouille.)
Son second mari l’a décidée à agrandir le magasin; elle a acheté l’immeuble de gauche, puis celui de droite. Un matin, en visitant les travaux, elle tombe dans un trou et meurt trois jours après. Les petits boutiquiers voisins, jaloux de Mouret, disent qu’il y a du sang de madame Hédouin sous les pierres de la maison [24]. Mais ces malveillants propos n’empêchent pas Octave de conserver à la morte un souvenir attendri ; il se montre reconnaissant à sa mémoire de la fortune dont elle l’a comblé en l’épousant. Désormais, un grand portrait de Caroline sera le seul ornement du cabinet directorial et présidera, de son air souriant et bon, aux prodigieux développements de la maison fondée par les Deleuze [37]. (A u Bonheur des Dames.)
(l) Madame Hédouin, mariée en 1865 a Octave Mouret. (Arbre généalogique des Rougon-Macquart.)