Ernest Delhomme dit Nénesse

— Fils des Delhomme. A onze ans, blond, mince et fainéant, il a toujours un miroir au fond de sa poche [50]. Jeune homme, tourmenté d’un besoin d’élégance citadine, fier de savoir jouer du piston, il se met comme un garçon de la ville, il se dandine d’un air louche de fille, avec son cou long, sa nuque rasée, ses yeux bleus, sa face molle et jolie. Nénesse a toujours eu l’horreur de la terre, il part pour Chartres où il va servir chez un restaurateur qui tient un bal public [293]. Ses parents l’ayant assuré contre la conscription, il ne sera pas soldat; il tire d’ailleurs un bon numéro, le 214, ce qui donne à sa mère le profond regret des mille francs versés à l’assurance. A vingt et un ans, c’est déjà un petit bourgeois. Habillé par un tailleur de la ville, il vient faire le faraud à Rognes et plaisante les complets de Lambourdieu, dont il était tier autrefois. Plein de la volonté de parvenir, il a imaginé de reprendre l’ancienne maison de tolérance de sa grand’tante Badeuil, ce qui, dit-il, vaut mieux que. de cultiver la terre et permet d’être un monsieur tout de suite [461]. Il s’entend avec les Charles, épousera leur petite-fille, Elodie Vaucogne, et tiendra le 19 avec elle [488]. (La Terre.)