Madame Delhomme née Fanny Fouan

— Elle a été épousée par un amoureux honnête et riche, sans môme être enceinte [15], chose peu commune à Rognes. Fanny est très brune, elle a des mains sèches de travailleuse, des yeux vifs, une figure agréable gâtée par un grand nez. Chez elle, l’intelligence du père s’est tournée en orgueil. C’est une gaillarde active, qui gouverne sa maison et son mari. Elle s’est créé un intérieur net et froid, d’une propreté méticuleuse, où le carreau est usé à force de lavages. Fanny est d’une susceptibilité outrée, elle a une vanité méfiante de paysanne honnête qui se blesse et boude au moindre mot mal compris. Elle a recueilli son père, le vieux Fouan, mais ne tolère aucun de ses défauts et dit que quatre vaches seraient plus faciles à conduire [293]. Elle en arrive à une véritable persécution, des paroles cruelles sont échangées, Fouan s’en va, Fanny jure de ne plus lui adresser la parole et, lorsqu’il meurt, elle ne désarme pas ; la blessure de son amour-propre saigne toujours, au point qu’elle demeure l’œil sec devant le cadavre. Sourdement envieuse et de nature peu sociable, elle s’est fâchée avec tout le pays. Lorsque son mari devient maire, elle est gonflée d’un tel orgueil qu’elle en claque dans sa peau [504]. (La Terre.)