Flory

— Commis d’agent de change. Est né à Saintes, d’un père employé à l’enregistrement ; a d’abord été commis de banque à Bordeaux, puis, à Paris, est entré chez Mazaud, sans autre avenir que d’y doubler peut-être ses appointements en dix années. Régulier et consciencieux dans les premiers temps, il s’est lié avec Gustave Sédille, qui l’a entraîné vers les femmes. C’est un garçon à figure tendre, avec un nez à passions, une bouche aimable, une épaisse barbe châtaine [85]. La fête a commencé par de joyeuses parties pas chères avec mademoiselle Chuchu, on s’est ensuite installé dans un appartement de la rue Condorcet, où la jeune personne est devenue exigeante ; il lui a fallu des bijoux, des dentelles.

Flory a risqué quelques petites opérations, marchant dans le sillage de Saccard [212]; et le malheureux garçon a été perdu par son premier gain de dix mille francs, après Sadowa, cet argent déplaisir, si vite gagné, si vite dépensé. Dès lors, il se met à jouer éperdument, sans calcul aucun d’ailleurs, tout au jeu de Saccard, qu’il suit avec une foi aveugle [335]. Et, au jour de la débâcle, ayant un énorme découvert, affolé par la peur d’une exécution immédiate, il imagine, par une singulière honnêteté, de voler cent quatre-vingt mille francs à son patron, simplement pour payer sa dette de jeu chez un autre agent. On l’arrête, il pleure beaucoup en prison, dans un affreux réveil de honte et de désespoir, et sa mère, accourue de Saintes, frappée de désespoir devant cet effondrement, doit s’aliter chez des amis où elle est descendue [396]. (L’Argent.)