— Une vieille garde. A fait les déliées des premières années du règne de Louis-Philippe. C’est une grosse femme, sanglée dans son corset, une ancienne blonde devenue blanche et teinte en jaune, dont la figure ronde, rougie par le fard, se boursoufle sous une pluie de petits frisons enfantins [12]. Elle a des paupières bleuies, aux cils brûlés. Gaga, qui a connu Irma d’Anglars, une ancienne du premier Empire [215], travaille encore, elle a toujours des hommes, surtout de très jeunes, dont elle pourrait être la grand’mère [110]. Traînant partout sa fille Lili, elle affecte de vouloir la marier, car un bon ménage doit valoir mieux que tout, puisqu’elle, Gaga, a son âge, n’a pas mis un sou de côté; elle finit néanmoins par vendre la petite au marquis de Chouard [402]. Gaga est violemment bonapartiste. Le règne de la branche cadette a été une époque de panés et de grigous; la république de quarante-huit lui a fait l’effet d’une dégoûtation, car elle y a crevé de faim; son avis est que les dames devraient se mettre a genoux devant Napoléon 111 qui a été leur père [521]. Par une rare malchance, elle vient d’achever de payer sa petite maison de Juvisy lorsque la guerre éclate; si les Prussiens viennent, ils brûleront tout [519]. (Nana.)