— Fils de madame Goujet. Forgeron. Travaille rue Marcadet, dans une fabrique de boulons [205]. C’est un colosse de vingt-trois ans, superbe, le visage rose, les yeux bleus ; il est d’une force herculéenne. A l’atelier, les camarades l’appellent la Gueule d’or, à cause de sa belle barbe jaune. C’est un grand enfant très poli, très sobre ; sa chair est alourdie par le dur travail du marteau ; il est dur d’intelligence, bon tout de même. Goujet, quoique républicain, a refusé de se battre au Deux-Décembre, parce que les ouvriers sont las de tirer les marrons du feu pour les bourgeois, mais il a sauvé Coupeau qui avait failli se faire prendre à une barricade où il était descendu bêlement pour voir l’émeute [136]. Attendri devant le courage et de dévouement de Gervaise, Goujet s’est pris pour elle d’une vive. tendresse ; il l’aime silencieusement, passant des heures à la contempler, dans la boutique de blanchisseuse qu’elle a pu louer grâce à un prêt d’argent qu’il lui a fait [192].
C’est une grande affection qui remplit sa vie, le détourne d’un mariage rêvé par sa mère, et survit à la lente déchéance de Gervaise, à son écroulement dans la boue [542]. (L’Assommoir.)