Le Président Grandmorin

— Membre du conseil d’administration de la Compagnie de l’Ouest. Né en 1804, substitut à Digne au lendemain de 1830, puis à Fontainebleau, puis à Paris, ensuite procureur à Troyes, avocat général à Rennes, enfin premier président à Rouen, nommé, le jour même de sa retraite, commandeur de la Légion d’honneur. Une des plus belles carrières de la magistrature. Riche à plusieurs millions, le président fait partie du conseil général de la Seine-Inférieure depuis 1855. Il possède un hôtel à Paris, rue du Rocher, et réside souvent chez sa sœur, madame Bonnehon, au château de Doinville.

Trapu et solide, blanc de bonne heure, d’un blanc doré d’ancien blond, les cheveux en brosse, le collier de barbe coupé ras, sans moustaches, avec une face carrée que les yeux d’un bleu dur et le nez gros rendent sévère, il a l’abord rude, il fait tout trembler autour de lui [II] Le président Grandmorin est adonné aux pires débauches, il a un goût prononcé pour les fillettes gentilles, comme Louisette, la seconde fille de madame Misard. Parrain et tuteur de Séverine Aubry, il l’a initiée à ses pratiques séniles et l’a plus tard mariée avec Rouhaud, continuant à rechercher la femme et accordant sa protection au mari. Ce dernier, mis au courant trois ans après, l’assassine dans l’express du Havre, entre Malaunay et Barentin, à hauteur de la Croix-de-Maufras, endroit même où Grandmorin avait abusé de sa jeune pupille [250]. Le président laisse une fortune de trois millions sept cent mille francs, dont presque la moitié consacrée à des legs équivoques [110]. Il donne notamment à Séverine Aubry la maison de la Croix-de-Maufras. (La Bête humaine.)