Madame Hennebeau

— Femme du directeur des mines de Montsou. C’est ta fille d’un riche filateur d’Arras. Elevée dans le respect de l’argent, elle méprise ce mari qui, dans les premières années, gagnait des appointements médiocres et dont elle n’a tiré aucune des satisfactions vaniteuses, rêvées en pension. D’une sensualité de blonde gourmande, mais froide avec son mari, elle a eu des amants ; les dix ans qu’elle a passés à Paris ont été emplis par une grande passion, une liaison publique avec un homme, dont l’abandon a failli la tuer [224]. A Montsou, elle tombe en une langueur d’ennui et se fait consoler par le neveu de son mari, l’ingénieur Paul Négrel, à qui elle se livre et qu’elle s’amuse à vouloir marier ; dans ses rapports avec lui, elle ne voit qu’un joujou de récréation, elle y met ses tendresses dernières de femme oisive et finie [226].

Madame Hennebeau est une grande personne blonde, un peu alourdie dans la maturité superbe de la quarantaine. Elle s’étonne toujours en entendant parler de la misère des mineurs; est-ce qu’ils ne sont pas très heureux, des gens logés, chauffés, soignés aux frais de la Compagnie. Dans son indifférence pour ce troupeau, elle ne sait de lui que la leçon apprise, dont elle émerveille les Parisiens en visite dans les corons, et elle a fini par y croire [234]. Pendant l’émeute de Montsou qui gêne l’arrivée de victuailles attendues, elle s’exaspère contre ces sales ouvriers qui, pour se révolter, choisissent un jour où elle a du monde [394]. (Germinal.)