— Curé de Bonneville. Homme trapu, à grosse encolure, cheveux roux, nuque brûlée du soleil, gros souliers. Payé à peine, sans casuel dans cette petite paroisse perdue, il mourrait de faim s’il ne faisait pousser quelques légumes [254]. Il possède, devant l’église, sur le terrain du cimetière, un potager qu’il cultive lui-même, vêtu d’une blouse grise, chaussé de sabots et fumant une grosse pipe. L’abbé Horteur dîne tous les samedis chez Chanteau et se livre avec lui à d’interminables parties de dames.
Intelligence bornée, fils de paysans au crâne dur [59], il parle rarement de Dieu, l’ayant réservé pour son salut personnel [256] et se souciant fort peu du salut des autres. Ses ouailles lui inspirent un profond mépris. Il les a menacées de l’abandon de Dieu et les malheurs qui accablent le village le laissent insensible, car il n’y voit que l’accomplissement de ses prédictions. Pratiquant lourdement sa religion, il éloigne Pauline du confessionnal par des questions et des commentaires déplacés [87]. Dérangé un soir chez les Chanteau, il va administrer un malade, le trouve mort et revient tranquillement achever son petit verre [259]. (La Joie de Vivre.)