Madame Juzeur

— Locataire de l’immeuble Vabre, rue de Choiseul. Habite un appartement au troisième sur la cour. C’est une veuve de trente-deux ans, une dévote aux yeux clairs, toute pleine de réticences et de sous-entendus; elle sourit avec quittée après dix jours de mariage et, dans son infortune, elle a la passion de travailler à la félicité des autres femmes, s’occupant de toutes les histoires tendres de la maison, rôdant autour des intrigues amoureuses en petite femme discrète confessant les amants et se frôlant à eux. Madame Juzeur, qui respecte les prescriptions de l’église, se refuse toujours au seul acte défendu, mais elle permet les caresses les plus vives et les plus secrètes, mettant l’honneur et l’estime de soi-même en un seul point, ayant la coquetterie de tenir toujours les hommes et ne les satisfaisant jamais, éprouvant une savante jouissance personnelle à se faire manger de baisers partout, sans le coup de bâton de l’assouvissement final [274]. Et le moment venu, elle sait se dégager d’un brusque mouvement de vigueur nerveuse, trouvant ça meilleur, s’y entêtant, prétendant ainsi rester honnête, puisque pas un homme ne peut se flatter de l’avoir eue, depuis le lâche abandon de son mari. C’est madame Tout-ce-que-vous-voudrez-mais-pas-ça [273]. (Pot-Bouille.)