Lapoulle

Soldat au 106e de ligne (colonel de Vineuil). Appartient à l’escouade du caporal Jean Macquart. C’est une brute poussée dans les marais de la Sologne, si ignorant de tout que, le jour de soit arrivée au régiment, il a demandé à voir le roi [24]. Sous le prétexte qu’il est le plus fort, avec sa taille de colosse, on le charge des ustensiles communs à l’escouade, il accepte même la pelle de la compagnie, convaincu que c’est un honneur [78]. Sur le plateau de l’Algérie, pendant la bataille de Sedan, il est pris d’un bouleversement d’entrailles qui ne lui laisse pas le temps de gagner la haie voisine ; on le hue, on jette des poignées de terre à sa nudité, étalée ainsi aux balles et aux obus; et beaucoup d’autres sont pris de la sorte, ils se soulagent, au milieu d’énormes plaisanteries, qui rendent du courage à tous [249]. Dans l’après-midi, éreinté, épuisé de faim et de soif, il se laisse entraîner dans une auberge du Fond de Givonne, où Chouteau fuit l’action depuis le matin [365].

Dans le Camp de la Misère (presqu’île d’Iges), où règne la famine parmi les prisonniers, Lapoulle assomme un cheval malade, partage la chair avec ses camarades et y gagne une affreuse dysenterie [451]. La disette persiste, le seul espoir de manger le rend fou, au point qu’il essaye de mâcher de l’herbe. A jeun depuis deux jours, devenu meurtrier à l’instigation de Chouteau, il tue Pache pour lui prendre un pain [460] et, resté accroupi sur sa victime, il dévore le pain, éclaboussé de gouttes rouges. Quand la nuit est venue, l’irrésistible besoin de fuir l’entraîne vers la Meuse qu’il veut traverser à la nage et il est tué par la balle d’une sentinelle prussienne [462]. (La Débâcle.)