— Femme du père Fouan. Elle a travaillé plus qu’un homme, levée avant les autres, faisant la soupe, balayant, récurant, les reins cassés par mille soins, les vaches, la cochon, le pétrin, toujours couchée la dernière, et sa seule récompense est d’avoir vécu [79]. Stupide, réduite à un rôle de bête docile et laborieuse, elle a toujours tremblé devant l’autorité despotique de son mari. Elle a élevé ses enfants sans tendresse, dans une froideur de ménagère qui reproche aux petits de trop manger de ce qu’elle épargne; sa préférence a été pour l’aîné, Jésus-Christ ; ce chenapan n’a rien d’elle ni de son mari et pourtant il sera jusqu’au bout le chéri de son cœur [133]. Devenue vieille, Rosé semble être restée grasse, le ventre gros d’un commencement d’hydropisie, le visage couleur d’avoine, troué d’yeux ronds, d’une bouche ronde, qu’une infinité de rides serrent ainsi que des bourses d’avare [17]. Elle survivra peu à la démission de biens du père Fouan. Ses faiblesses pour Jésus-Christ excitent la fureur de son autre fils, Buteau, qui la traite de vieille coquine, la jette violemment à terre et casse cette pauvre tête grise, usée et lasse. La mère Fouan meurt après trente-six heures d’agonie [213]. (La Terre.)