Note : pour ce personnage, Zola s’est fortement inspiré du compte de Morny, demi-fère de Napoléon III et Ministre de l’intérieur sous le Second Empire.
— Président du Corps législatif. A vingt-huit ans, il était colonel ; plus tard, on le trouve à la tête d’une grande usine ; puis, il s’est occupé successivement d’agriculture, de finance, de commerce ; enfin, il a fait des portraits et écrit des romans [84]. Un mystère plane sur sa naissance; on assure qu’il est né sur les marches d’un trône. De gros potins circulent sur lui : avant l’empire, il était entretenu par sa maîtresse, une baronne dont il a mangé les diamants en trois mois ; pas une affaire véreuse ne se traite sans lui sur la place de Paris. Sa tête pâle est fine et méchante, il a une haute mine d’aventurier élégant [44]. Comme homme politique, il a de la poigne, une main de fer, hardie, résolue, très déliée pourtant [84], une fine main gantée qui étrangle et que l’empereur fait alterner avec le poing de Rougon, un poing velu qui assomme [433]. Marié avec une princesse valaque, il renoue six mois après avec madame de Llorentz, une ancienne maîtresse qui possède une arme contre lui. Son antagoniste Rougon parvient à le remplacer au ministère de l’intérieur [263] et il devient alors président de la Chambre, apportant le sang-froid le plus parfait à la direction des débats, tenant tête aux Cinq avec une autorité mordante [452]. (Son Excellence Eugène Rougon.)