Mazaud

— Un des plus jeunes agents de change, comblé par le sort, ayant eu la chance de la mort de son oncle, qui l’a rendu titulaire d’une des plus fortes charges de Paris à trente-deux ans, à un âge où l’on apprend encore les affaires. De petite taille, il est de ligure agréable, avec de minces moustaches brunes, des yeux noirs perçants. Il a fait un mariage d’amour qui lui apportait plus d’un million [86], deux enfants sont venus, et, après quatre ans de mariage, on ne lui prête qu’une courte curiosité pour une chanteuse de l’Opéra-Comique. Il vit dans une bonne odeur de chance, de félicité sans nuage, Mazaud montre une grande activité, l’intelligence très alerte elle aussi, beaucoup de flair, une intuition remarquable. Il a une voix aiguë qui, autour de la corbeille, fait contraste avec la voix mugissante de son collègue Jacoby; à l’opposé de celui-ci, il a la réputation de ne pas encore trop jouer pour son compte. La Banque Universelle va lui être funeste.Très engagé avec Saccard, qu’il reporte pour des sommes considérables, il a cru à l’appui décisif du syndicat Daigremont, il s’est laissé conquérir au point d’accepter encore, le matin même de la débâcle, dos ordres d’achat sans couverture pour plusieurs millions [360]. Et il est ruiné par la catastrophe; il se suicide chez lui d’un coup de revolver et son sang tombe goutte à goutte, dans le luxe et le parfum des rosés, éclaboussant sa femme et ses petits [401]. (L’Argent.)