Claire Méhudin

— Marchande à la poissonnerie d’eau douce. Seconde fille de la mère Méhudin, sœur de la belle Normande. Blonde paresseuse. Est à vingt-deux ans un Murillo, suivant le mot de Claude Lantier, un Murillo décoiffé souvent, avec de gros souliers, des robes taillées à coups de hache qui l’habillent comme une planche [21]. Pas coquette, pleine de mépris pour les élégances de sa sœur, Claire est une créature fantasque, très douce et en continuelle querelle, d’une droiture absolue un jour, d’une injustice révoltante le lendemain. A déclaré qu’elle ne serait jamais la bonne de sa sœur, habite avec elle rue Pirouette, mais vexée de voir que Louise s’est attribué la plus belle chambre, refuse la pièce voisine et adopte, de l’autre côté du palier, un galetas qu’elle ne fait même pas blanchir à la chaux. A l’égard de Florent, son caprice est aussitôt de contrecarrer sa sœur. Quand Louise ameutait le pavillon contre lui, elle était seule à le défendre [142]. Mais, dès que la belle Normande change de tactique, Claire se fâche avec Florent, s’enfermant dans un mutisme jaloux, parlant d’aller le dénoncer et de se jeter ensuite à l’eau ; elle s’exalte au point de faire brûler des cierges à l’église [253] et, quand Florent va être arrêté, elle veut le sauver et se bat avec sa sœur qu’elle accuse de l’avoir vendu; affolée, échevelée, elle arrive trop tard, derrière le fiacre qui emporte le conspirateur au dépôt [336]. Après cette crise, Claire revient plus molle, plus paresseuse que jamais, à ses poissons d’eau douée. (Le Ventre de Paris.)