Jules Pichon

— Employé de ministère. Il habite avec sa femme l’immeuble Vabre, rue de Choiseul, au quatrième sur la cour. Grand et maigre, l’air dolent. Dernier-né d’une fruitière qui a mangé sa boutique pour faire de son fils un bachelier parce que tout le quartier le disait très intelligent, Pichon a vu sa mère mourir insolvable trois jours avant le triomphe en Sorbonne. Après trois ans de vache enragée chez un oncle, il a eu le bonheur inespéré d’obtenir un emploi public, il a épousé Marie Vuillaume, fille d’un collègue retiré, et il vit plié à la mécanique du bureau, ayant dans ses yeux ternes la résignation hébétée des chevaux de manège, calculant machinalement qu’il a encore trente-six ans à attendre pour être décoré et obtenir deux mille francs de retraite [82]. Plein de manies commençantes, il parle continuellement de son sous-chef, est travaillé dans la rue du seul tourment des éclaboussures de boue et ne connaîtrait aucun imprévu si, décidé à n’avoir jamais qu’un enfant, comme la saine raison l’exige, il ne voyait sa femme continuellement enceinte, malgré les précautions les plus strictes. (Pot-Bouille.)