— A succédé à l’abbé Jouve comme curé de Montsou. C’est un abbé maigre, aux yeux de braise rouge [296]. Il attaque violemment la bourgeoisie, et rejette sur elle toute la responsabilité des faits de grève ; c’est la bourgeoisie qui, en dépossédant l’Église de ses libertés antiques pour en mésuser elle-même, a fait de ce monde un lieu maudit d’injustice et de souffrance [421]. Tout Montsou tremble devant ce socialiste chrétien ; ainsi que Dansaert, avec ses gendarmes, recrute des hommes pour la mine, il raccole, lui, des hommes de bonne volonté pour l’église ; son Dieu seul peut tout sauver; il exploite la grève, cette misère affreuse, cette rancune exaspérée de la faim, avec l’ardeur d’un missionnaire qui prêche des sauvages, pour la gloire de sa religion [440]. Et il a pour les faits un tel dédain, il vit si haut dans son rêve du triomphe final de l’Église, qu’il court les cornus Sans aumônes, les mains vides au milieu de cette armée mourante de besoins, en pauvre diable lui-même qui regarde la souffrance comme l’aiguillon du salut [442]. Devant les mineurs tués Par la troupe, il appelle sur les assassins la colère de Dieu, annonçant, dans une fureur de prophète, l’heure de la justice, la prochaine extermination de la bourgeoisie par le feu du ciel [489]. L’évêque finit par déplacer cet abbé compromettant [501]. (Germinal.)