— Fille de Pierre Rougon et de Félicité Puech. Sœur d’Eugène, Pascal, Aristide et Marthe. Mère d’Angélique Marie. Elle est née en 1818 à Plassans. A vingt ans, elle a épousé un clerc d’avoué de Plassans et est allée se fixer avec lui à Paris [81]. (La Fortune des Rougon.)

Elle s’est établie rue Saint-Honoré, où elle a tenté avec son mari, un sieur Touche, le commerce des fruits du Midi. Mais les affaires n’ont pas été heureuses et, en 1850, on la retrouve veuve, pratiquant des métiers interlopes, dans une boutique avec entresol et entrée sur deux rues, faubourg Poissonnière et rue Papillon.

Petite, maigre, blafarde, doucereuse, sans âge certain [231], elle tient bien aux Rougon par cet appétit de l’argent, ce besoin de l’intrigue qui caractérisent la famille. Les influences de son milieu en ont fait une sorte de femme neutre, homme d’affaires et entremetteuse à la fois [69]. La fêlure de cet esprit délié est de croire elle-même à une fantastique histoire de milliards que l’Angleterre doit rembourser, appât magique dont elle sait se servir avec habileté pour griser ses clientes. Son frère aîné Eugène Rougon, qui estime fort son intelligence, l’emploie à des besognes mystérieuses ; elle a puissamment aidé aux débuts de son frère cadet Aristide, en combinant son mariage avec Renée Béraud Du Châtel et elle continue ses bons offices au ménage, servant les intérêts du mari auprès des puissants [98], offrant des amants à la femme, dont elle abrite les passades [131], mettant son entresol à la disposition du jeune Maxime Saccard [133]. Elle juge les femmes d’un coup d’œil, comme les amateurs jugent les chevaux [132] et s’emploie, moyennant finances, à protéger toutes les turpitudes et àétouffer tous les scandales. Mielleuse et aimant l’église, Sidonie est au fond très vindicative. Pleine de colère contre Renée, qui s’est révoltée devant la grossièreté d’un de ses marchés d’amour [235], elle se charge de l’espionner et dénonce à Aristide ses amours avec Maxime [310]. Cette dernière infamie lui rapporte dix mille francs [336], qu’elle va manger à Londres, à la recherche des milliards fabuleux. (La Curée.)

Son mari mort et enterré, elle a eu une fille quinze mois après, en janvier 1851, sans savoir au juste où elle l’a prise. L’enfant, déposée sans état civil, par la sage-femme Foucart, à, l’Assistance publique, a reçu les prénoms d’Angélique Marie. Jamais le souvenir de cette enfant, née d’un hasard, n’a échauffé le cœur de la mère [50]. (Le Rêve.)

Sidonie vient à l’enterrement de son cousin le peintre Claude Lantier. Elle a toujours sa tournure louche de brocanteuse. Arrivée rue Tourlaque, elle monte, fait le tour de l’atelier, flaire cette Misère Due et redescend, la bouche dure, irritée d’une corvée inutile [477]. (L’Œuvre.)

Beaucoup plus tard, lasse de métiers louches, elle se retire, désormais d’une austérité monacale, à l’ombre d’une sorte de maison religieuse; elle est trésorière de l’Œuvre du Sacrement, pour aider au mariage des filles-mères [l29]. (Le Docteur Pascal.)

(1) Sidonie Rougon, née en 1818; épouse, en 1838, un clerc d’avoué de Plassans, qu’elle perd à Paris, en 1850 ; a d’un inconnu, en 1851, une fille qu’elle met aux Enfants Assistés. [Élection du père. Ressemblance physique avec la mère]. Courtière, entremetteuse, tous les métiers, puis austère. Vit encore à Paris, trésorière de l’Œuvre du Sacrement. (Arbre généalogique des Rougon-Macquart.)