Sabatani

Un habitué de la Bourse. Grand jeune homme à la face longue et brune, aux yeux noirs magnifiques, à la bouche mauvaise, inquiétante. Il a une grâce caressante d’Oriental mâtiné d’Italien. C’est un gaillard mystérieux, aimé des femmes ; la légende lui attribue un prodige physique, une exception géante dont rêvent les filles du monde de la Bourse, tourmentées de curiosité [123]. Associé secret de l’escroc Schlosser, Sabatani a peu à peu conquis la confiance de la corbeille et de la coulisse par beaucoup de correction et une bonne grâce infatigable [10]. Il est client de la charge Mazaud, où il n’a déposé qu’une légère couverture, donnant des preuves de sagesse, n’augmentant que graduellement l’importance de ses ordres, en attendant le jour où il culbutera dans une grosse liquidation [90]. Gai, d’apparence riche, avec cette tenue élégante qui est indispensable, comme l’uniforme même du vol à la Bourse, il devient très volontiers le prête-nom d’Aristide Saccard ; il est le complaisant au compte de qui figurent fictivement les titres non vendus de l’Universelle [123]. Et, au jour de la débâcle, il disparaît ; il va écumer la Bourse de quelque capitale étrangère. Plus tard, oublié à Paris, il y reviendra, de nouveau salué, prêt à recommencer son coup, au milieu de la tolérance générale [393]. (L’Argent.)