— Fils d’Aristide Bougon, dit Saccard, et d’Angèle Sicardot. Père de Charles. Il est né en 18140 à Plassans. Enfance terne, dans la médiocrité du ménage paternel. Semble avoir été assez mal élevé, car son grand-oncle, Antoine Macquart, se plaint que le mioche lui tire la langue chaque fois qu’il le rencontre [176]. Sa grand’mère Félicité Rougon le fait entrer au collège et paye secrètement sa pension [78]. (La Fortune des Rougon.)

Il reste à Plassans jusqu’en 1855 et, sa cinquième achevée, va rejoindre à Paris son père, alors remarié à Renée Béraud Du Châtel. A quinze ans, c’est un grand galopin fluet, à figure de fille, l’air délicat et effronté, d’un blond très doux [107]. Il termine ses études au lycée Bonaparte et vit dans l’intimité de sa belle-mère, jeune femme à la mode, qui joue avec lui à la petite maman. Il a vite fait de s’émanciper, adorant se perdre dans les jupes, dans la poudre de riz, se glissant autour des belles mondaines, amusées par son air de fille [118].

A dix-sept ans, c’est un jeune homme mince et joli, aux cheveux bouclés, en qui la race des Rougon est devenue délicate et vicieuse. Né d’une mère trop jeune, molle et abandonnée, et d’un père aux furieux appétits, il est un produit défectueux, sans personnalité, mais avide de jouissance, uniquement apte à dévorer les fortunes édifiées par d’autres. Joli et lâche, il aime le plaisir sans fatigue, avec une passivité de fille [134].

Pour son début, Maxime a séduit la femme de chambre de Renée, Justine Mégot, et lui a fait un enfant ; il fréquente l’entresol de sa tante, la complaisante Sidonie Rougon, fait la noce à côté de son père dans les restaurants de nuit, s’offre le luxe d’une maîtresse, la petite actrice Sylvia, et continue à vivre dans la plus entière familiarité avec sa jeune belle-mère, l’amusant par des détails infimes sur les demoiselles haut cotées, traitant en camarade et en complice cette inassouvie qui cherche un frisson nouveau. Un beau soir, il accepte l’inceste, sans l’avoir voulu ni prévu, uniquement parce que Renée le lui a imposé [205]. Il sort d’ailleurs avec la plus parfaite aisance de ce drame où sa veulerie n’a vu qu’un moyen de se faire entretenir [319] et il se laisse marier par son père à une petite bossue, Louise de Mareuil, qui lui apporte la jolie dot d’un million. Bientôt veuf, il va vivre en garçon dans un bel hôtel de l’avenue de l’Impératrice et il fait courir [337]. (La Curée.)

Il a organisé sa vie avec un sage et féroce égoïsme, mangeant la fortune de la morte, sans une faute, en garçon de faible santé que le vice a précocement mûri [45]. Il a abandonné depuis longtemps son idée d’entrer au Conseil d’État, il ne fait même plus courir, les chevaux l’ayant rassasié comme les filles. Avec son aplomb d’homme d’expérience, il a gardé son ancien rire perlé de demoiselle, mais il a déjà des rhumatismes [130]. Son petit hôtel de l’avenue de l’Impératrice est installé avec un raffinement exquis de luxe et de bien-être; c’est joli, tendre et discret. Et Maxime vit seul, oisif, parfaitement heureux, d’une férocité de beau fils pervers et entretenu, devenu sérieux [164]. Après la débâcle de l’Universelle, il va s’installer à Naples pour fuir l’ennui de voir son père passer en correctionnelle [418]. (L’Argent.)

Après la guerre, on le trouve réinstallé dans son hôtel de l’avenue du Bois-de-Boulogne, où il mange la fortune que lui a laissée sa femme; il est devenu prudent, d’une sagesse d’homme atteint dans ses mœlles, rusant avec la paralysie menaçante [15]. A trente-trois ans, la face s’est creusée, les cheveux s’éclaircissent, semés de fils blancs; il garde sa tète jolie et fine, d’une grâce inquiétante de fill jusque dans décrépitude précoce [65]. Se voyant infirme, cloué dans un fauteuil, ayant peur de la solitude, rêvant d’être aimé, choyé, défendu, il a obtenu que sa sœur Clotilde quitte Plassans et vienne le rejoindre à Paris; mais, dans sa continuelle inquiétude d’être exploité et dévalisé, il commence bientôt à la prendre en méfiance, comme toutes les personnes qui e servent; il la torture par ses exigences d’enfant gâté et de malade. Son père, qui voudrait hâter l’héritage, lui envoie une jolie fille, la jeune Rose, qui achève bientôt ce vicieux, resté friand de petites femmes. Maxime finit par mourir ataxique, à trente-trois ans [341]. (Le Docteur Pascal.)

(1) Maxime Rougon, dit Saccard, né en 1840; a un fils, d’une servante, Justine Mégot, chlorotique, fille d’alcooliques; épouse, en 1863, Louise de Mareuil, qu’il perd la même année et dont il n’a pas d’enfants; meurt ataxique en 1873. [Mélange dissémination. Prédominance morale du père et ressemblance physique de la mère]. Oisif, mangeur de fortunes faites. (Arbre généalogique des Rougon-Macquart.)