Auguste Vabre

— Fils aîné du propriétaire. Grand garçon maussade, au sang pâle, figure de mouton malade, toujours des maux de tête qui lui tirent les yeux et qui l’ont empêché autrefois de continuer le latin. Très timoré, il est resté quinze ans petit employé de commerce, sans oser risquer les cent mille francs légués par sa mère, puis il s’est établi marchand de soieries au rez-de-chaussée de la maison paternelle. Il épouse Berthe Josserand, tombant dans un véritable traquenard, se laissant duper au contrat, perdant toute lucidité par ses migraines qui le rendent fou; et il est un mari maussade, méticuleux, bonhomme au fond, simplement désagréable et volontiers résigné, tant qu’on ne le jette pas hors de lui en dépensant son argent ou en touchant à sa morale [302].

Auguste souffre devant les toilettes trop éclatantes de sa femme, il a pour les dettes une horreur de garçon prudent, mais voudrait ne rien voir, défendant désespérément son coin de tranquillité somnolente et maniaque, vivant dans la continuelle terreur de découvrir quelque abomination qui Je mettrait hors de lui [307]. Lorsqu’il surprend Berthe en flagrant délit, il la chasse, rêve de se battre avec Octave Mouret et court Paris à la recherche de témoins ; puis, déprimé par son éternelle névralgie, il craint d’être tué, redevient pacifique, accepte un peu plus tard de reprendre sa femme si la dot est enfin versée, pardonne sans avoir obtenu un sou et revient enfin à la vie conjugale, ne demandant qu’à être en paix avec tout le monde. Ses embarras d’argent et la concurrence grandissante du Bonheur des Dames l’ont obligé à prendre un associé qui sera le second amant de Berthe. (Pot-Bouille.)

Son magasin est définitivement tué par la concurrence. Vabre a laissé dans le quartier le souvenir d’un grand serin [20]