— Fille du notaire Vabre. Femme de Duveyrier. Elle est grande et belle, avec de magnifiques cheveux noirs, un visage long. d’une pâleur et d’un froid de neige, des yeux gris. Clotilde a une passion exagérée pour la musique, sans aucun autre besoin d’esprit ni de chair. A son piano, elle est comme une écuyère sur son cheval, mais cet enthousiasme qui fait de la maison un enfer pour Duveyrier, n’est qu’à fleur de peau: Clotilde chante avec une expression passionnée, qu’elle laisse tomber comme un masque dès la fin du morceau [236]. La jeune femme, qui possédait cent mille francs par sa mère, devait apporter en outre une dot de quatre-vingt mille francs, mais le père n’en a versé que dix mille; les Duveyrier attendent toujours le reste, ils ont même recueilli le vieux Vabre, voulant l’avoir sous la main, l’intéressant à leur fils Gustave qu’ils rêvent de faire avantager dans la succession.
Le ménage vit avec une correction tout extérieure. Dès la première nuit, Clotilde a pris son mari en horreur, dégoûtée de ses taches rouges; elle accepte encore parfois l’abominable corvée, avec une résignation de femme honnête qui est pour tous les devoirs, assez forte pour cacher à tous la haine et la répulsion physique que son mari lui inspire. Mais elle toléré volontiers des maîtresses, dont les complaisances la débarrassent. Et elle ignore si peu les habitudes extérieures de son mari qu’elle envoie tranquillement Octave Mouret chez Clarisse Bocquet, dont elle sait l’adresse, pour prévenir Duveyrier que le vieux Vabre est à l’agonie. Cette femme, égoïste et rapace, a beau être indifférente aux plaisirs des sens, elle sait parfaitement s’entendre avec le mari dédaigné, pour frustrer ses frères. Elle abandonne un instant ses attitudes olympiennes, se querelle violemment avec sa belle-sœur Valérie et, devant la maigreur de l’héritage, reste inconsolable d’avoir inutilement nourri le vieux pendant douze ans [283]. (Pot-Bouille.)