— La veuve d’un général. C’est une vieille dame très riche, presque aveugle, impotente. Elle habite à Passy un petit hôtel silencieux et fermé, où l’existence passe régulière, avec le tic tac affaibli des vieilles horloges ; les deux serviteurs antiques, une cuisinière et un valet de chambre, sont depuis quarante ans dans la famille ; de loin en loin, vient une visite, quelque général octogénaire, si desséché qu’il pèse à peine sur le tapis; c’est la maison des ombres, le soleil s’y meurt en lueurs de veilleuse, à travers les lames des persiennes [121]. C’est à madame Vanzade qu’une ancienne amie, la mère des Saints-Anges, envoie, comme demoiselle de compagnie, l’ardente Christine Hallegrain, qui devra lire interminablement des livres de piété ; mais, étouffant dans cette demeure close et rigide, Christine finit par s’enfuir, quoique sa maîtresse la traite doucement, la comble de cadeaux et l’appelle sa fille [122]. Madame Vanzade meurt quatre ans après et ses millions, qui eussent peut-être doté Christine, passent aux hospices, sauf une rente que les deux vieux serviteurs mangent en petits bourgeois [289].(L’Œuvre.)