Marie Vuillaunie

— Femme de Jules Pichon. Mère de la petite Lilitte. C’est une jeune femme blonde, au pâle visage de fille tardive, née de parents trop vieux, à la peau d’une finesse et d’une transparence de chlorose, aux cheveux rares serrés en un mince chignon, aux yeux clairs et vides, avec des traits fins et jolis pourtant [81]. Son enfance a été tenue dans une ignorance et une niaiserie systématiques. Elle est très réservée, presque sauvage, avec des confusions qui, à chaque instant, sans cause apparente, lui jettent tout le sang au visage. Devenue mère, elle regarde sa fille avec l’hébétement d’une vierge stupéfaite d’avoir pu faire ça [87]. Elle a le regret maladif d’une autre existence, rêvée jadis au pays des chimères, elle a un besoin de l’au-delà, la lecture du premier roman l’affole et, sans presque s’en apercevoir, elle glisse à l’adultère, elle se laisse prendre par Octave Mouret, devant Lilitte endormie. Et elle continue à vivre avec son clair regard d’innocente, sans une émotion à voir son amant si près de son mari, les servant tous deux selon leurs goûts, de son air un peu las d’obéissance passive. Octave a rompu avec elle, elle le laisse revenir quand il le veut, sans force, paralysée par cette volonté d’homme qui s’impose. C’est à la fois chez elle de la bonté, de la peur et de la bêtise [360], logique résultat de son éducation de poupée. (Pot-Bouille.)