Ce roman sert d’introduction à toute l’oeuvre. Il montre certains membres de la famille dont je veux écrire l’histoire, au début de leur carrière, fondant leur fortune sur le coup d’Etat, comptant sur l’Empire qu’ils prévoient pour contenter leurs appétits.
Cet épisode a surtout quatre grandes figures qui ne reparaîtront plus dans les autres récits : l’aïeule, tante Dide, la souche dont sont issus les principaux personnages de la série ; ses deux fils, l’un légitime, Pierre Rougon, l’autre illégitime, Antoine Machard, et un de ses petits-fils, Silvère.
L’aïeule est la haute personnification d’un tempérament, d’un état physiologique particulier se propageant et se distribuant dans toute une famille. Les trois autres héros, outre leurs caractères héréditaires, offrent trois états de l’idée politique :
Pierre Rougon est le conservateur qui cherche surtout à tirer des événements un profit personnel et qui ne recule devant aucun moyen pour fonder sa fortune et celle de ses enfants sur le nouvel Empire. Antoine Machard est le fainéant, l’envieux que sa paresse jalouse et impuissante a jeté dans une fausse et honteuse démocratie ; Silvère, au contraire, l’énergique enfant de dix-sept ans, la belle et ardente figure de tous les enthousiasmes de la jeunesse, est l’âme même de la jeune République, l’âme de l’amour et de la liberté.
Je plierai le cadre historique à ma fantaisie, mais tous les faits que je regrouperai seront pris da,s l’histoire (livres de Ténot et de Maquan, journaux de l’époque, etc.)
Je prendrai à la très curieuse insurrection du Var ses détails les plus caractéristiques et je m’en servirai selon les besoins de mon récit (…) »