Georges Hugon

— Fils cadet de madame Hugon. Un jeune homme de dix-sept ans, aux beaux yeux de chérubin. Il est joli, sans un poil de barbe. La vue de Nana presque nue, dans son rôle de la Blonde Vénus, l’a enflammé; il se présente chez elle, l’amusé par sa figure gamine et son ardeur précoce et _se met à vivre dans l’ombre de ta jolie fille. Elle l’appelle Zizi. Un jour qu’il est venu la rejoindre à la Mignotte et que, trempé jusqu’aux os, il a dû revêtir une chemise, un pantalon et un peignoir de l’actrice [192], leur jeu ressemble à celui de deux amies qui se taquinent et, sans presque s’en apercevoir, Nana devient sa maîtresse. Le hasard malheureux d’une rencontre a appris à madame Hugon l’inconduite de son fils, elle l’a enfermé aux Fondettes, mais quelques mois de réclusion ne font qu’exaspérer les sens de Georges; il se soulage chaque semaine dans des pages brûlantes, auxquelles Nana répond par la plume de Fontan [282].

Le vice de Zizi se trempe d’une tendresse infinie, d’une adoration sensuelle ou tout son être se donne. Si la présence des amants sérieux, Steiner, Muffat, Vandeuvres laisse indifférent ce garçon qui n’a même pas un sou pour acheter des bouquets, il s’enrage de jalousie contre son frère Philippe. Celui-ci a proposé à Nana de l’épouser; affolé, Georges fait la même offre et, comme la courtisane se refuse jusqu’au bout à le prendre au sérieux, comme elle le traite en gamin négligeable, il s’enfonce résolument des ciseaux dans la poitrine. Emporté par sa mère, il a laissé sur le tapis une tache de sang qui, au dire de Nana, s’en ira sous les pieds [473]. Et peu de mois après, Zizi meurt; les uns parlent d’une blessure rouverte, les autres racontent un suicide, un plongeon du petit dans un bassin des Fondettes 1501]. (Nana.)