Pluchart

— Un ancien mécanicien, affilié à 1’Association internationale des travailleurs, secrétaire de la fédération du Nord. Depuis cinq ans, il n’a pas donné un coup de lime ; mince, bellâtre, la tète carrée et trop grosse, il a sous sa redingote noire l’endimanchement d’un ouvrier cossu ; il se soigne, se peigne surtout avec correction, vaniteux de ses succès de tribune, mais il garde des raideurs de membres, les ongles de ses mains larges ne repoussent pas, mangés par le fer. Très actif, il sert son ambition, en battant la province sans relâche, pour le placement de ses idées. Sa voix sort pénible et rauque; peu à peu, il l’enfle et en tire des effets pathétiques; il promène sa laryngite avec son programme. Les bras ouverts, accompagnant les périodes d’un balancement d’épaules, il a une éloquence qui tient du prône, une façon religieuse de laisser tomber la fin des phrases, dont le ronflement monotone finit par convaincre [278]. Pluchart a été le contremaître d’Etienne Lantier à Lille; c’est par lui qu’il obtient, dans la hâte d’une réunion dissoute par la police, l’affiliation en bloc des dix mille mineurs de Montsou à l’Internationale [281]. Quand celte association se désorganise, Pluchart change de terrain, il conquiert Paris, on lui fait des ovations au sortir des réunions, il est tancé malgré son rhume et ira où il voudra désormais [506]. (Germinal.)